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ACADÉMIQUES.

cette partie de nous-mêmes la plus céleste et la plus divine.

Qu’un triomphe si personnel a de quoi flatter ! On a vu de grands hommes, uniquement touchés des succès qu’ils dévoient à leurs vertus, regarder comme étrangères toutes les faveurs de la fortune. On en a vu, tout couverts des lauriers de Mars, jaloux de ceux d’Apollon, disputer la gloire d’un poëte et d’un orateur :

Tantus amor laudum, tantæ est victoria curæ[1].

Lorsque ce grand cardinal[2], à qui une illustre académie doit son institution, eut vu l’autorité royale affermie, les ennemis de la France consternés, et les sujets du roi rentrés dans l’obéissance, qui n’eût pensé que ce grand homme étoit content de lui-même ? Non : pendant qu’il étoit au plus haut point de sa fortune, il y avoit dans Paris, au fond d’un cabinet obscur, un rival secret de sa gloire ; il trouva dans Corneille un nouveau rebelle qu’il ne put soumettre. C’étoit assez qu’il eût à soutenir la supériorité d’un autre génie ; et il n’en fallut pas davantage pour lui faire perdre le goût d’un grand ministère qui devoit faire l’admiration des siècles à venir.

Quelle doit donc être la satisfaction de celui qui, vainqueur de tous ses rivaux, se trouve aujourd’hui couronné par vos mains !

Le sujet proposé étoit plus difficile à traiter qu’il ne paroît d’abord : c’est en vain qu’on prétendroit réussir dans l’explication de l’écho, c’est-à-dire du son réfléchi, si l’on n’a une parfaite connoissance du son direct ; c’est

  1. Virg. Georg., lib. III, v. 112.
  2. Richelieu, fondateur de l’Académie française.