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LETTRES FAMILIÈRES.
LETTRE XXXIII[1].


À M. VENUTI, ABBÉ DE CLÉRAC.


À CLÉRAC.


Sur les lettres que je reçois, Monsieur, de Bordeaux en réponse, je vois qu’il ne tiendra qu’à vous d’avoir la place de bibliothécaire. Je ne vois pas que cette place soit au-dessous d’un gentilhomme, surtout quand il est de l’Académie et est par conséquent son bibliothécaire à lui-même ; et d’ailleurs vous prendriez une place actuellement possédée par le président Barbot ; j’ai d’ailleurs ouï-dire que sur le mont Parnasse toutes les places étoient honorables depuis le sommet jusqu’à la colline. Voilà, me semble, ce qui pourroit vous rendre ce poste acceptable. Je comprends même que le dessein de l’Académie sera toujours de faire toutes les choses de sa part que demandera la décence. Réfléchissez à cela, Monsieur. Pour moi j’y aurois l’avantage de voir mon pays orné d’un homme de mérite tel que vous, et d’avoir le plaisir de me promener avec vous quelquefois dans mes jardins de la Brède. Adieu, Monsieur, j’ai l’honneur d’être très-respectueusement votre très-humble et très-obéissant serviteur.


Montesquieu.


Paris, ce 21 juillet 1742.


Je vous dirai même que dans les circonstances où vous vous trouverez, on regardera en Italie comme une chose honorable que dans le temps que vos ennemis vous ont

  1. Collection de M. Badin.