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LETTRES FAMILIÈRES.

défendre que la peste, les déserts, les vents, le scorbut et même la vérole si on les fâche. On parie pourtant aujourd’hui d’une guerre en Portugal, et cette guerre, vous ne la ferez pas à bon marché.

Il paroît ici un livre très-bien fait, intitulé : Examen désintéressé des ouvrages faits sur la figure de la terre. L’auteur paroît être un homme sage et réservé, ne dit pas de sottises, et enfin il semble qu’il est plus fort que son ouvrage même ; vous en jugerez.

Je vous prie de me faire l’amitié de faire rendre cette lettre à M. le docteur Stuart de la Société Royale.

Adieu, mon cher Monsieur, je vous salue, honore, et embrasse de tout mon cœur, et suis avec respect et l’amitié la plus tendre, votre très-humble et très-obéissant serviteur.


Montesquieu.


Paris, ce 17 février 1740.


Vous trouverez ci jointe une lettre de change de 2 L. 6 sch. 6 sous, auquel se monte le mémoire de ces livres, lequel m’a été remis par mon fils. Je comptois que le libraire étoit chargé de recevoir cet argent, et je ne voulois pas le lui remettre sans les livres parce que je connois les libraires, mais N…[1] m’a dit qu’il n’avoit aucun ordre de recevoir.

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  1. Le nom est illisible, on pense naturellement à Prault ou à Huart, libraires ordinaires de l’auteur.