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LETTRES FAMILIÈRES.

S’il paroît une autre fois plus long, je dis : 2 × 2 font 4, 2 × 4 font 8 ; je dis donc : Ce microscope grossit huit fois. Je vois ensuite l’aiguille à la seconde lentille, qui allonge trois fois plus que la première. Je dis : 3 fois 8 font 24. 3 × 24 font 72, et je dis que cette seconde grossit soixante-douze fois plus qu’à la vue simple. Ainsi de suite. Tout cela n’est que par estime. Y a-t-il une manière exacte de donner combien chaque microscope agrandit les objets, soit par le diamètre de la convexité, ou la distance du foyer, et cette manière peut-elle être aisément pratiquée par autres que par les ouvriers ; et, dans les observations que l’on fait avec le microscope, la première manière, qui n’est fondée que sur une supposition, qui ne peut jamais être exactement juste, suffit-elle ? Je vous prie, Monsieur, de vouloir bien me donner quelque éclaircissement là-dessus.

Comme je mets en état les petits ouvrages que j’ai autrefois donnés à l’Académie de Bordeaux, et que j’ai un mémoire de quelques observations faites avec mes microscopes, je voudrois mettre au fait le lecteur lorsque je dis que j’ai vu à la première, à la deuxième et à la huitième lentille.

Mille pardons, monsieur, de ce que je vous détourne de vos belles et grandes occupations. M. Senet médit les bontés que vous aviez eues pour lui et pour mon don. J’ai l’honneur de vous remercier très-humblement, et vous supplie de me continuer toujours quelque part dans l’honneur de votre amitié.

Je suis avec toute sorte d’attachement le plus tendre, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.


Montesquieu.


À Paris, ce 27 juin 1737.