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DISCOURS
PRONONCÉ

A LA RENTRÉE DE L’ACADÉMIE DE BORDEAUX


LE 15 NOVEMBRE 1717.
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Ceux qui ne sont pas instruits de nos obligations et de nos devoirs regardent nos exercices comme des amusements que nous nous procurons, et se font une idée riante de nos peines même et de nos travaux.

Ils croient que nous ne prenons de la philosophie que ce qu’elle a d’agréable ; que nous laissons les épines pour ne cueillir que les fleurs; que nous ne cultivons notre esprit que pour le mieux faire servir aux délices du cœur ; qu’exempts, à la vérité, de passions vives qui ébranlent trop l’âme, nous nous livrons à une autre qui nous en dédommage, et qui n’est pas moins délicieuse, quoiqu’elle ne soit point sensuelle.

Mais il s’en faut bien que nous soyons dans une situation si heureuse: les sciences les plus abstraites sont l’objet de l’académie; elle embrasse cet infini qui se rencontre partout dans la physique et l’astronomie ; elle s’attache à l’intelligence des courbes, réservée jusqu’ici à