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POÉSIES.


Si le Ciel m’est favorable,
Je ne vous reverrai plus.

Adieu, bourgeois, et noblesse,
Qui n’a pour toutes vertus
Qu’une inutile richesse :
Je ne vous reverrai plus.

Adieu, superbes palais,
Où l’ennui, par préférence,
A choisi sa résidence ;
Je vous quitte pour jamais [1].

Là le magistrat querelle
Et veut chasser les amants,
Et se plaint que sa chandelle
Brûle depuis trop longtemps.

Le vieux noble, quel délice !
Voit son page à demi nud,
Et jouit d’une avarice
Qui lui fait montrer le cul.

    faite dans un moment d’humeur ; d’autant qu’il ne s’était jamais piqué d’être poëte. Il la fit, étant embarqué pour partir de Gênes, où il disait s’être beaucoup ennuyé, parce qu’il n’y avait formé aucune liaison, ni trouvé aucun de ces empressements qu’on lui avait marqués partout ailleurs en Italie. Il faut que les Génois se soient bien civilisés depuis, et aient beaucoup changé de méthode dans l’accueil qu’ils font aux étrangers ; ou bien l’ennui fit que l’auteur voulut se divertir par cette petite satire, qui ne saurait être prise pour une chose sérieuse ni comme un jugement de ce voyageur éclairé. (Lettres familières, Édition de Paris, 1767.)

    Sur le passage de Montesquieu à Gênes, voyez la lettre à Mme  X, dans la correspondance, lettre XII.

  1. L’édition originale porte : Je ne vous reverrai jamais.