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SUR L'ANGLETERRE.

seulement d’idée ; les actions extraordinaires en France, c’est pour dépenser de l’argent ; ici c’est pour en acquérir.

Je ne juge pas de l’Angleterre par ces hommes ; mais je juge de l’Angleterre par l’approbation qu’elle leur donne ; et si ces hommes y étaient regardés comme ils le seraient en France, ils n’auraient jamais osé cela.

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J’ai ouï dire à d’habiles gens que l’Angleterre, dans le temps où elle fait des efforts, n’est capable, sans se ruiner, de porter que cinq millions sterling de taxe ; mais à présent, en temps de paix, elle en paie six.

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J’allai avant-hier au parlement à la chambre basse ; on y traita de l’affaire de Dunkerque. Je n’ai jamais vu un si grand feu. La séance dura depuis une heure après midi jusqu’à trois heures après minuit. Là, les Français furent bien mal menés ; je remarquai jusqu’où va l’affreuse jalousie qui est entre les deux nations. M. Walpole attaqua Bolingbroke de la façon la plus cruelle, et disait qu’il avait mené toute cette intrigue. Le chevalier Windham le défendit. M. Walpole raconta en faveur de Bolingbroke l’histoire du paysan qui, passant avec sa femme sous un arbre, trouva qu’un homme pendu respirait encore. Il le détacha et le porta chez lui ; il revint. Ils trouvèrent le lendemain que cet homme leur avait volé leurs fourchettes ; ils dirent : « Il ne faut pas s’opposer au cours de la justice : il le faut rapporter où nous l’avons pris. »

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C’était de tout temps la coutume que les communes