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PENSÉES DIVERSES.

La France se perdra par les gens de guerre.

Je disois à madame du Châtelet : « Vous vous empêchez de dormir pour apprendre la philosophie ; il faudrait au contraire étudier la philosophie pour apprendre à dormir. »

Si un Persan ou un Indien venait à Paris, il faudroit six mois pour lui faire comprendre ce que c’est qu’un abbé commendataire qui bat le pavé de Paris.

L’attente est une chaîne qui lie tous nos plaisirs.

Par malheur, trop peu d’intervalle entre le temps où l’on est trop jeune et celui où l’on est trop vieux.

Il faut avoir beaucoup étudié pour savoir peu.

J’aime les paysans ; ils ne sont pas assez savants pour raisonner de travers.

Sur ceux qui vivent avec leurs laquais, j’ai dit : « Les vices ont bien leur pénitence. »

Les quatre grands poëtes, Platon, Malebranche, Shaftesbury, Montaigne !

Les gens d’esprit sont gouvernés par des valets, et les sots par des gens d’esprit.

On auroit dû mettre l’oisiveté continuelle parmi les peines de l’enfer ; il me semble au contraire qu’on l’a mise parmi les joies du paradis.

Ce qui manque aux orateurs en profondeur, ils vous le donnent en longueur.

Je n’aime pas les discours oratoires, ce sont des ouvrages d’ostentation.

Les médecins dont parle M. Freind dans son Histoire de la Médecine sont parvenus à une grande vieillesse. Raisons physiques : 1o Les médecins sont portés à avoir de la tempérance ; 2o ils préviennent les maladies dans les commencements ; 3o par leur état, ils font beaucoup d’exercice ; 4o en voyant beaucoup de malades, leur tempéra-