pour être aperçue, et assez variée pour être aperçue avec plaisir.
Il y a des choses qui paraissent variées et ne le sont point, d’autres qui paraissent uniformes et sont très-variées.
L’architecture gothique parait très-variée ; mais la confusion des ornements fatigue par leur petitesse ; ce qui fait qu’il n’y en a aucun que nous puissions distinguer d’un autre, et leur nombre fait qu’il n’y en a aucun sur lequel l’œil puisse s’arrêter : de manière qu’elle déplaît par les endroits mêmes qu’on a choisis pour la rendre agréable.
Un bâtiment d’ordre gothique est une espèce d’énigme pour l’œil qui le voit ; et l’âme est embarrassée comme quand on lui présente un poëme obscur.
L’architecture grecque, au contraire, paraît uniforme ; mais, comme elle a les divisions qu’il faut, et autant qu’il en faut pour que l’âme voie précisément ce qu’elle peut voir sans se fatiguer, mais qu’elle en voie assez pour s’occuper, elle a cette variété qui la fait regarder avec plaisir.
Il faut que les grandes choses aient de grandes parties : les grands hommes ont de grands bras, les grands arbres de grandes branches, et les grandes montagnes sont composées d’autres montagnes qui sont au-dessus et au-dessous ; c’est la nature des choses qui fait cela.
L’architecture grecque, qui a peu de divisions, et de grandes divisions, imite les grandes choses ; l’âme sent une certaine majesté qui y règne partout.
C’est ainsi que la peinture divise en groupes de trois ou quatre figures celles qu’elle représente dans un tableau : elle imite la nature ; une nombreuse troupe se divise toujours en pelotons ; et c’est encore ainsi que la peinture divise en grandes masses ses clairs et ses obscurs.