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CHAPITRE XXII[1].


CONTINUATION DU MÊME SUJET.


Mais ce qui affaiblit surtout la monarchie, c’est que ce prince en dissipa les domaines [2]. C’est ici que Nitard, un des plus judicieux historiens que nous ayons ; Nitard, petit-fils de Charlemagne, qui étoit attaché au parti de Louis le Débonnaire, et qui écrivoit l’histoire par ordre de Charles le Chauve, doit être écouté.

Il dit « qu’un certain Adelhard avoit eu pendant un temps un tel empire sur l’esprit de l’empereur, que ce prince suivoit sa volonté en toutes choses ; qu’à l’instigation de ce favori, il avoit donné les biens fiscaux [3] à tous ceux qui en avoient voulu ; et par là avoit anéanti la république [4] ». Ainsi, il fit dans tout l’empire ce que j’ai dit [5] qu’il avoit fait en Aquitaine : chose que Charlemagne répara, et que personne ne répara plus.

L’État fut mis dans cet épuisement où Charles Martel le trouva lorsqu’il parvint à la mairie ; et l’on étoit dans

  1. Tout ce chapitre manque dans A. B.
  2. Villas regias, quœ erant sui et avi et tritavi, fidelibus suis tradidit eas in possessions sempiternas : fecit enim hoc diu tempore. Tégan, de Gestis Ludovici Pii. (M.)
  3. Hinc libertates, hinc publica in propriis usibus distribuere suasit. Nitard, liv. IV, à la fin. (M.)
  4. Rempublicam penitus annullavit. Ibid. (M.)
  5. Voyez le liv. XXX, ch. XIII. (M.)