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CHAPITRE X.


RICHESSES DU CLERGÉ.


Le clergé recevoit tant, qu’il faut que, dans les trois races, on lui ait donné plusieurs fois tous les biens du royaume. Mais si les rois, la noblesse et le peuple trouvèrent le moyen de leur donner tous leurs biens, ils ne trouvèrent pas moins celui de les leur ôter. La piété fit fonder les églises dans la première race ; mais l’esprit militaire les fit donner aux gens de guerre, qui les partagèrent à leurs enfants. Combien ne sortit-il pas de terres de la mense du clergé ! Les rois de la seconde race ouvrirent leurs mains, et firent encore d’immenses libéralités ; les Normands arrivent, pillent et ravagent, persécutent surtout les prêtres et les moines, cherchent les abbayes, regardent où ils trouveront quelque lieu religieux : car ils attribuoient [1] aux ecclésiastiques la destruction de leurs idoles, et toutes les violences de Charlemagne, qui les avoit obligés les uns après les autres de se réfugier dans le Nord. C’étoient des haines que quarante ou cinquante années n’avoient pu leur faire oublier. Dans cet état de choses [2], combien le clergé perdit-il de biens ! A

  1. La phrase : car ils attribuoient, etc., ainsi que la phrase suivante : c’étoient des haines, etc., ne sont point dans A. B.
  2. A. B. Dans cet état, combien le clergé perdit-il de biens ?