Page:Montesquieu - Œuvres complètes, éd. Laboulaye, t6.djvu/347

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

NOTE
SUR L’OUVRAGE INÉDIT DE MONTESQUIEU
INTITULÉ
SUR LES FINANCES DE L’ESPAGNE[1].


_________



Plusieurs manuscrits de Montesquieu ont passé en Angleterre ; nous croyons qu’il ne serait pas impossible d’en retrouver la trace ; mais il en est aussi qui sont restés en France.

Aimé Martin, possesseur d’un d’eux, en laissa faire l’analyse.

Ce manuscrit formait un cahier de quarante-quatre pages, composé de cinq mémoires : l’un d’eux résume les autres ; il est écrit avec plus de soin, et intitulé : Sur les finances de l’Espagne. Une note en marge indique que ce travail, entrepris vingt ans avant l'Esprit des Lois, a été abandonné[2].

Ce n’est qu’une ébauche et voici en quels termes elle débute :

« Il existe deux genres de richesse : la richesse réelle, la richesse de fiction ; la première tient à la terre, à l’industrie, à la production ; elle se détruit et se renouvelle sans cesse ; la seconde, celle de l’argent, ne se détruit pas ; et, comme chaque jour elle augmente dans sa représentation, elle va sans cesse en se détériorant dans sa valeur réelle. Lors de la découverte des Indes, l’Espagne fut trouvée riche, parce que l’or et l’argent étoient rares, que ces métaux avoient été dénaturés, altérés, cachés, lors des invasions

  1. Extrait d’un discours prononcé, le 2 décembre 1847, par M. O. Brunet, président de l’Académie de Bordeaux.
  2. Voyez la note 1 au chapitre XXI, livre XXI, de l’Esprit des Lois. Le manuscrit d’Aimé Martin paraît être l’original ou la copie de l’imprimé dont parle Walckenaer.