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LETTRE DU MÊME

A SAURIN

AU SUJET DU MÊME MANUSCRIT.


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J’ai écrit, mon cher Saurin, comme nous en étions convenus, au président, sur l’impression que vous avoit faite son manuscrit, ainsi qu’à moi. J’ai enveloppé mon jugement de tous les égards de l’intérêt et de l’amitié. Soyez tranquille ; nos avis ne l’ont point blessé. Il aime dans ses amis la franchise qu’il met avec eux. Il souffre volontiers les discussions, y répond par des saillies, et change rarement d’opinion. Je n’ai pas cru, en lui exposant les nôtres, qu’elles modifieroient les siennes ; mais nous n’avons pas pu dire :


Cur ego amicum
Offendam in nugis ? Hæ nugæ séria ducent
In mala derisum semel, exceptumque sinistre.


Quoi qu’il en coûte, il faut être sincère avec ses amis. Quand le jour de la vérité luit et détrompe l’amour-propre, il ne faut pas qu’ils puissent nous reprocher d’avoir été moins sévères que le public.

Je vous envoie sa réponse, puisque vous ne pouvez