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CHAPITRE V.


COMMENT LES MAIRES OBTINRENT LE COMMANDEMENT
DES ARMÉES.


Pendant que les rois commandèrent les armées, la nation ne pensa point à se choisir un chef. Clovis et ses quatre fils furent à la tête des François, et les menèrent de victoire en victoire. Thibault, fils de Théodebert, prince jeune, foible et malade, fut le premier des rois qui resta dans son palais [1]. Il refusa de faire une expédition en Italie contre Narsès, et il eut le chagrin de voir les Francs se choisir deux chefs qui les y menèrent [2]. Des quatre enfants de Clotaire Ier, Gontran fut celui qui négligea le plus de commander les armées [3] ; d’autres rois suivirent cet exemple : et pour remettre sans péril le commandement en d’autres mains, ils le donnèrent à plusieurs chefs ou ducs [4].

  1. L’an 552. (M.)
  2. Leutheris vero et Butilinus, tametsi id regi ipsorum minime placebat, belli cum eis societatem inierunt. Agathias, liv. I. Grégoire de Tours, liv. IV, ch. IX. (M.)
  3. Gontran ne fit pas même l’expédition contre Gondovalde, qui se disoit fils de Clotaire, et demandoit sa part du royaume. (M.)
  4. Quelquefois au nombre de vingt. Voyez Grégoire de Tours, liv. V, ch. XXVII ; liv. VIII, ch. XVIII et XXX ; liv. X, ch. III. Dagobert, qui n’avoit point de maire en Bourgogne, eut la même politique, et envoya contre les Gascons dix ducs et plusieurs comtes qui n’avoient point de ducs sur eux. Chronique de Frédégaire, ch. LXXVIIIl, sur l'an 636. (M.)