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DE L’ESPRIT DES LOIS.


maintenu, où le protestantisme s’est établi, et l’esprit de ces deux religions ; entre leurs dogmes et les différents principes de l’État politique.

La religion catholique convient mieux à une monarchie, parce que ses dogmes s’accordent mieux avec le but du gouvernement monarchique. La foi aveugle conduit à l’obéissance passive. La religion protestante s’accommode mieux d’une république, parce que ses principes fondamentaux ont trait au but du gouvernement républicain. La foi éclairée sympathise à merveille avec l’esprit d’indépendance et de liberté.

« Nous lui avons reproché d’avoir dit que : « Quand Montézuma s’obstinoit tant à dire que la religion des Espagnols étoit bonne pour leur pays, et celle du Mexique pour le sien, il ne disoit pas une absurdité ». A ce reproche, point de réponse. »

M. de M... avoit en main deux moyens de défense. Il pouvoit répondre que Montézuma parloit ainsi dans la simplicité de son cœur, et que sa maxime, considérée relativement à ses préjugés, n’ étoit point une absurdité, mais un bon mot. Il pouvoit répondre que ce prince ne connoissant pas le fond de la religion qu’il rejetoit, n’en jugeant que par les apparences et par le culte extérieur, voyant combien il étoit difficile que des changements extraordinaires s’introduisissent parmi des peuples entiers, croyant peut-être que toute religion étoit bonne, que l’Être suprême aimoit à être loué de plusieurs manières différentes, et qu’il avoit permis la même variété dans les hommages qu’on lui rend, qu’il a mis dans le ramage des oiseaux ; que ce prince, dis-je, sachant qu’il y a des religions plus propres, ce semble, pour un climat que pour un autre, pouvoit fort bien de ces principes arri-