remédié à cet excès. « Le caractère, les passions, les fantaisies, l’idée de conserver sa beauté, l’embarras de la grossesse, celui d’une famille trop nombreuse » fatiguoient déjà cruellement la société. C’étoit un poison lent, qui couloit dans les veines du corps politique. Falloit-il encore ajouter à ce malheur le poison actif de la loi du célibat ?
Le célibat, disent quelques autres (et ceux-ci ne sont pas les meilleurs citoyens), décharge les familles d’un fardeau qui les accableroit. Que voulez-vous qu’on fasse de tant d’enfans ?
Plaisante objection ! Il n’y a pas assez d’enfants pour l’État, et il y en a trop pour les familles. Ces victimes sont nécessaires, dit-on ; et je dis, moi, qu’elles ne sont pas plus nécessaires en France, en Espagne, en Portugal, en Italie, qu’en Angleterre, en Danemark, en Suède, en Hollande. Que fait-on des enfants dans ces pays-là ? Ce qu’on pourroit, ce qu’on devroit en faire dans ce pays-ci.
Plus on jette d’enfants dans les cloîtres, plus l’État s’appauvrit ; c’est un mauvais remède, qui devient d’autant plus nécessaire qu’il est plus fréquent.
On ne sauroit trop augmenter les motifs de bien faire, ni trop affaiblir les motifs de ne faire rien. Nulle émulation dans un État, où l’oisiveté peut compter sur une ressource, où une simple façon de penser procure les mêmes avantages qu’une vie active, où un fainéant est au niveau d’un citoyen laborieux, où l’on peut laisser les peines aux misérables et se réserver les plaisirs, où un corps qui possède le tiers des revenus, ne paie pas le vingtième des charges publiques. Distribuez avec choix les richesses, dispensez les honneurs et la considération avec équité, les choses changeront de face ; et le superflu du célibataire