Page:Montesquieu - Œuvres complètes, éd. Laboulaye, t6.djvu/290

Cette page n’a pas encore été corrigée
274
SUITE DE LA DÉFENSE


à ses erreurs, il tâtonne ; il le sent, il l’avoue. Loin de s’arroger une inspiration qu’il n’a pas, il dit positivement que, fidèle ministre du Saint-Esprit, il n’en est pas actuellement l’organe.

Et qu’étoit-il besoin qu’il le fût ? Les Corinthiens lui avoient demandé son sentiment sur le mariage. Sa réponse est relative aux circonstances où ils se trouvoient ; circonstances qu’il pouvoit connoître, sans cette inspiration, qui ne lui étoit accordée que lorsqu’elle étoit nécessaire ; circonstances auxquelles il pouvoit s’accommoder par les seules lumières de la raison, sans le don d’infaillibilité.

Il leur dit donc : « Pour ce qui regarde les choses dont vous m’avez écrit, il est avantageux à l’homme de ne toucher aucune femme... à cause des fâcheuses nécessités de la vie présente... parce que les personnes mariées souffriront dans leur chair des afflictions et des peines, que je voudrois vous épargner... Car le temps est court : — la persécution s’approche à grands pas ; — et je désirerois de vous voir dégagés de soins et d’inquiétudes... Ce n’est pas le Seigneur ; mais c’est moi qui parle. »

Peut-être objectera-t-on les versets 32, 33, 34 où saint Paul semble perdre de vue les circonstances, où il offre dans le célibat des idées de perfection, où il représente des motifs généraux ? Son conseil, dira-t-on, s’étend sur tous les fidèles, parce que les raisons sur lesquelles il l’appuie embrassent tous les états où les fidèles se peuvent trouver.

Mais cette objection disparoîtra, si l’on fait attention à ces paroles du verset 25 : « Quant aux vierges, je n’ai point reçu de commandement du Seigneur ; mais voici le conseil que je donne. »

Ce passage nous met à notre aise. Saint Paul y dit