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DE L’ESPRIT DES LOIS.


elle pas tyrannique , qui l’attache à jamais à un cadavre vivant ?

De plus, le mariage est un contrat : quand l'une des parties contractantes viole ses engagements, ou ne peut les remplir, l’autre peut-elle être asservie à des promesses conditionnelles ? Les liens sont rompus ; le contrat, qui tenoit à ces liens, doit-il subsister ? Il est si nécessaire à la femme de réclamer le droit naturel, il est si affligeant pour elle d’avouer qu’elle est obligée de le réclamer, qu’en vérité on ne peut justifier la loi qui la condamne au silence.

Voilà ce que M. de M... auroit pu répondre, mais avec ces grâces, cette brièveté énergique, cette éloquence persuasive qui lui sont particulières. Il aura pour lui les philosophes, les dames, et tous ceux qui regardent les dames comme les arbitres des différends sur les lois de la nature et du sentiment. Ces suffrages ne le consoleront-ils pas de la mauvaise humeur de théologiens plus tristes que sensés ?

« Nous avons ajouté que l’auteur établit, pour règle générale, que dans tous les pays où la loi accorde aux hommes la faculté de répudier, elle doit aussi l’accorder aux femmes. »

Je viens d’exposer les raisons de cette règle générale. C’est au lecteur à juger.

« Nous lui avons reproché d’avoir dit que, dans les climats où les femmes vivent sous un esclavage domestique, il semble que la loi doive permettre aux femmes la répudiation, et aux hommes seulement le divorce. Point de réponse. »

M. de M... plaide ici pour l’équité naturelle. Il est juste que dans les pays où l’égalité entre les deux sexes