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DE L’ESPRIT DES LOIS.


sembloient avoir juré de n’être jamais au fait de l’état de la question, et de ne pas entendre les passages qu’ils attaquoient » ;

4° Qu’il a eu le droit de mépriser des reproches fondés sur l’inattention ou la mauvaise foi des gazetiers ; inattention s’ils n’ont pas vu la note du chapitre V du livre IIIe : « Je parle ici de la vertu politique, qui est la vertu morale dans le sens qu’elle se dirige au bien général ; fort peu des vertus morales particulières, et point du tout de cette vertu qui a du rapport aux vérités révélées : » mauvaise foi s’ils ont vu cette note. Leur critique, marquée du sceau de la candeur, les rapproche du titre d’étourdis, dont cette même critique, marquée au coin du zèle et de l’intolérance, les éloigne ;

5° Qu’on ne sauroit assez s’étonner que des écrivains, qui ont eu tout le temps de se convaincre qu’ils n’avoient vu dans l'Esprit des Lois que des mots, se soient opiniâtres à n’y voir autre chose, et aient regardé comme sans réplique une accusation à laquelle le livre même avoit déjà répondu.

Nous avons reproché à l’auteur d’avoir dit que « le monachisme est né dans les pays chauds d’Orient, où l’on est moins porté à l’action qu’à la spéculation ».

Sur quoi tombe le reproche ? Est-ce sur la proposition avancée ? elle est vraie. Le berceau du monachisme fut l’Égypte, pays chaud, et si chaud que les hommes renfermés dans la maison laissoient le soin des affaires domestiques aux femmes, êtres beaucoup plus propres à ce soin, si celui qui a prétendu qu’elles n’étoient femmes que par un défaut de chaleur, avoit par hasard trouvé la vérité en riant.

Le reproche porte-t-il sur la raison qu’il rend de sa