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REMERCIEMENT SINCÈRE


notre religion est bafouée dans toute l’Europe, par tous ceux dont la profession est de chercher la vérité. Vous pouvez vous vanter d’avoir fait là une réflexion, dont les conséquences seront bien avantageuses au public.

Que j’aime encore votre colère contre l’auteur de l'Esprit des Lois, quand vous lui reprochez d’avoir loué les Solon, les Platon, les Socrate, les Aristide, les Cicéron, les Caton, les Épictète, les Antonin et les Trajan ! On croiroit, à votre dévote fureur contre ces gens-là, qu’ils ont tous signé le Formulaire. Quels monstres, monsieur, que tous ces grands hommes de l’antiquité ! Brûlons tout ce qui nous reste de leurs écrits, avec ceux de Pope et de Locke, et de M. de M... En effet, tous ces anciens sages sont vos ennemis ; ils ont tous été éclairés par la religion naturelle. Et la vôtre, monsieur, je dis la vôtre en particulier, paraît si fort contre la nature, que je ne m’étonne pas que vous détestiez sincèrement tous ces illustres réprouvés, qui ont fait, je ne sais comment, tant de bien à la terre. Remerciez bien Dieu de n’avoir rien de commun, ni avec leur conduite, ni avec leurs écrits.

Vos saintes idées sur le gouvernement politique sont une suite de votre sagesse. On voit que vous connoissez les royaumes de la terre tout comme le royaume des cieux. Vous condamnez, de votre autorité privée, les gains que l’on fait dans les risques maritimes. Vous ne savez pas probablement ce que c’est que l’argent à la grosse ; mais vous appelez ce commerce, Usure. C’est une nouvelle obligation que le roi vous aura, d’empêcher ses sujets de commercer à Cadix. Il faut laisser celte œuvre de Satan aux Anglois et aux Hollandois, qui sont déjà damnés sans ressource. Je voudrois, monsieur, que vous nous disiez combien vous rapporte le commerce sacré de vos Nouvelles