Cependant l’auteur prétend que, quand il a dit que le prêt sans intérêt ne peut être qu’un conseil de religion, il n’a parlé du prêt que dans son rapport avec le commerce des divers peuples ou avec les lois civiles des Romains ; et que s’il avoit parlé là nommément de la religion chrétienne, il aurait employé d’autres termes, et fait ordonner à la religion ce qu’elle ordonne, et conseiller ce
qu’elle conseille (Sup., p. 187). Est-ce pour être entendu que l’auteur écrit ? Nous avons de la peine à croire qu’il s’entende lui-même. Quand il voudra, lui, qui nous renvoie à la logique naturelle, nous mettre son argument en forme, nous tâcherons de lui répondre. En attendant,
nous persisterons à soutenir que l’auteur de
l'Esprit des Lois permet l’usure, et qu’il ne fait du prêt gratuit qu’un conseil de religion. Autre réponse qui n’est pas plus intelligible.
Nous lui avons reproché d’avoir dit qu’il est permis
à un créancier de vendre le temps, et nous avons
rapporté son texte, où il parle ainsi : « Celui-là paye moins, dit Ulpien, qui paye plus tard. Cela décide la question si l’intérêt est légitime, c’est-à-dire si le créancier peut vendre le temps, et le débiteur l’acheter. » L’auteur répond
« qu’il ne parle que des dispositions politiques des Romains, de la loi de Flaccus et de l’opinion de Paterculus ; de sorte que cette loi de Flaccus, l’opinion de Paterculus, la réflexion d’Ulpien, celle de l’auteur se tiennent et ne
peuvent pas se séparer (Sup., p. 169) ». La loi de Flaccus réduisoit l’intérêt à trois pour cent. Paterculus blâmoit cette loi. L’auteur l’approuve et n’y voit aucune injustice.
Il s’autorise d’Ulpien, qu’il prend de travers, pour décider que le créancier peut vendre le temps, et le débiteur l’acheter : donc, nous avons eu tort de nous récrier contre une décision si contraire aux bonnes mœurs. C’est ici où