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RÉPONSE A LA DÉFENSE


miracles. Pour nous, nous soutenons hautement que les miracles ne sont point les effets des lois ordinaires ; que ces lois n’ont rien qui ait trait à la fatalité des athées ; qu’elles ne sont lois que parce que Dieu veut qu’elles le soient, et qu’il sait, quand il veut et comme il veut, se dispenser de les suivre. « Si Dieu, dit le savant évêque de Meaux, a astreint la nature à de certaines lois, il ne s’y astreint lui-même qu’autant qu’il lui plaît, se réservant le pouvoir suprême de détacher les effets qu’il voudra des causes qu’il leur a données dans l’ordre commun, et de produire ces effets extraordinaires que nous appelons miracles, selon qu’il plaira à sa sagesse de les dispenser (Élévations, t. I, p. 134). » Il est donc faux et très-faux que les lois que Dieu a établies pour le gouvernement du monde soient aussi invariables que la fatalité des athées.

L’auteur nous vante son zèle contre Hobbes. Hobbes riroit d’un tel adversaire. Quand on veut s’éloigner des athées, il faut leur couper tous les chemins qui pourraient les rapprocher de nous. L’auteur a parlé avantageusement de la religion chrétienne, et il en rapporte les passages avec soin ; nous ne l’avons pas laissé ignorer ; mais il ne faut pas détruire d’une main ce que l’on paroît édifier de l’autre. Spinosa admettoit la révélation, mais pour n’y avoir d’autre égard que celui qu’il voudrait. Écoutez cet impie : il ne nie point qu’il y ait eu des prophètes ; il admet les Livres de l’Ancien et du Nouveau Testament ; il appelle Jésus-Christ la bouche de Dieu ; il parle avec respect des apôtres ; il les appelle saints ; il les cite pour appuyer ce qu’il dit. Mais en même temps il détourne le sens des Écritures ; il s’en joue, et donne des leçons pour n’y trouver que ce que l'on veut. Il ne défend pas de