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TROISIÈME PARTIE.


On a vu, dans les deux premières parties, que tout ce qui résulte de tant de critiques amères est ceci, que l’auteur de l'Esprit des Lois n’a point fait son ouvrage suivant le plan et les vues de ses critiques ; et que si ses critiques avoient fait un ouvrage sur le même sujet, ils y auraient mis un très-grand nombre de choses qu’ils savent. Il en résulte encore qu’ils sont théologiens et que l’auteur est jurisconsulte ; qu’ils se croient en état de faire son métier, et que lui ne se sent pas propre à faire le leur. Enfin il en résulte qu’au lieu de l’attaquer avec tant d’aigreur, ils auroient mieux fait de sentir eux-mêmes le prix des choses qu’il a dites en faveur de la religion, qu’il a également respectée et défendue. Il me reste à faire quelques réflexions.

Cette manière de raisonner n’est pas bonne, qui, employée contre quelque bon livre que ce soit, peut le faire paroître aussi mauvais que quelque mauvais livre que ce soit ; et qui, pratiquée contre quelque mauvais livre que ce soit, peut le faire paroître aussi bon que quelque bon livre que ce soit.

Cette manière de raisonner n’est pas bonne, qui, aux choses dont il s’agit en rappelle [1] d’autres qui ne sont

  1. C’est-à-dire en ramène, y joint, etc.