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DE L’ESPRIT DES LOIS.


à-dire si le créancier peut vendre le temps, et le débiteur l'acheter. »

Voici comme le critique raisonne sur ce dernier passage, qui se rapporte uniquement à la loi de Flaccus et aux dispositions politiques des Romains. L’auteur, dit-il, en résumant tout ce qu’il a dit de l’usure, soutient qu’il est permis à un créancier de vendre le temps. On diroit, à entendre le critique, que l’auteur vient de faire un Traité de théologie ou de droit canon, et qu’il résume ensuite ce Traité de théologie et de droit canon ; pendant qu’il est clair qu’il ne parle que des dispositions politiques des Romains, de la loi de Flaccus, et de l’opinion de Paterculus : de sorte que cette loi de Flaccus, l’opinion de Paterculus, la réflexion d’Ulpien, celle de l’auteur, se tiennent et ne peuvent pas se séparer.

J’aurois encore bien des choses à dire ; mais j’aime mieux renvoyer aux feuilles mêmes. « Croyez-moi, mes chers Pisons : elles ressemblent à un ouvrage qui, comme les songes d’un malade, ne fait voir que des fantômes vains. »


1. Credits, Pisones, isti tabulæ fore librum
Persimilem, cujus, velut œgri sommia, vanœ
Fingentur species.

HORAT., de Art poetica, v. 6. (M.)


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