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DE L’ESPRIT DES LOIS.

Que cet homme ait ignoré ou n’ait pas ignoré ce centésime, c’est une chose très-indifférente : mais il ne l’a pas ignoré, puisqu’il en a parlé en trois endroits. Mais comment en a-t-il parlé ? et où en a-t-il parlé [1] ? Je pourrois bien défier le critique de le deviner, parce qu’il n’y trouverait point les mêmes termes et les mêmes expressions qu’il sait.

Il n’est pas question ici de savoir si l’auteur de l'Esprit des Lois a manqué d’érudition ou non, mais de défendre ses autels [2]. Cependant il a fallu faire voir au public que le critique, prenant un ton si décisif sur des choses qu’il ne sait pas, et dont il doute si peu qu’il n’ouvre pas même un dictionnaire pour se rassurer, ignorant les choses et accusant les autres d’ignorer ses propres erreurs, il ne mérite pas plus de confiance dans les autres accusations. Ne peut-on pas croire que la hauteur et la fierté du ton qu’il prend partout, n’empêchent en aucune manière qu’il n’ait tort ? que, quand il s’échauffe, cela ne veut pas dire qu’il n’ait tort ? que, quand il anathématise avec ses mots d’impie et de sectateur de la religion naturelle, on peut encore croire qu’il a tort ? qu’il faut bien se garder de recevoir les impressions que pourroit donner l’activité de son esprit et l’impétuosité de son style ? que, dans ses deux écrits, il est bon de séparer ses injures de ses raisons, mettre ensuite à part les raisons qui sont mauvaises, après quoi il ne restera plus rien ?

L’auteur, aux chapitres du prêt à intérêt et de l’usure chez les Romains, traitant ce sujet, sans doute le plus important de leur histoire, ce sujet qui tenoit tellement à

  1. La troisième et la dernière note, chapitre XXII, livre XXII, et le texte de la troisième note. (M.)
  2. Pro aris. (M.)