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DÉFENSE


livre XXV : « Nous sommes extrêmement portés à l’idolâtrie, et cependant nous ne sommes pas fort attachés aux religions idolâtres : nous ne sommes guère portés aux idées spirituelles, et cependant nous sommes très-attachés aux religions qui nous font adorer un Être spirituel. Cela vient de la satisfaction que nous trouvons en nous-mêmes, d’avoir été assez intelligents pour avoir choisi une religion qui tire la Divinité de l’humiliation où les autres l’avoient mise. » L’auteur n’avoit fait cet article que pour expliquer pourquoi les mahométans et les juifs, qui n’ont pas les mêmes grâces que nous, sont aussi invinciblement attachés à leur religion qu’on le sait par expérience : le critique l’entend autrement. « C’est à l’orgueil, dit-il, que l’on attribue d’avoir fait passer les hommes de l’idolâtrie à l’unité d’un Dieu [1]. » Mais il n’est question ici, ni dans tout le chapitre, d’aucun passage d’une religion dans une autre ; et, si un chrétien sent de la satisfaction à l’idée de la gloire et à la vue de la grandeur de Dieu, et qu’on appelle cela de l’orgueil, c’est un très-bon orgueil.


MARIAGE.


Voici une autre objection qui n’est pas commune. L’auteur a fait deux chapitres au livre XXIII [2], l’un a pour titre : « Des hommes et des animaux, par rapport à la propagation de l’espèce » ; et l’autre est intitulé : « Des mariages ». Dans le premier, il a dit ces paroles : « Les femelles des animaux ont à peu près

  1. Page 166 de la seconde feuille. (M.) Sup., page 134.
  2. Chapitres I et II.