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DE L’ESPRIT DES LOIS.


celles qui sont les plus séparées ? Voyez là-dessus les réflexions de l’auteur, au chapitre III du livre XIV.


TOLÉRANCE.


Tout ce que l’auteur a dit sur la tolérance se rapporte à cette proposition du chapitre IX, livre XXV. « Nous sommes ici politiques et non pas théologiens ; et pour les théologiens mêmes, il y a bien de la différence entre tolérer une religion, et l’approuver.

« Lorsque les lois de l’État ont cru devoir souffrir plusieurs religions, il faut qu’elles les obligent aussi à se tolérer entre elles. » On prie de lire le reste du chapitre.

On a beaucoup crié sur ce que l’auteur a ajouté au chapitre X, livre XXV : « Voici le principe fondamental des lois politiques en fait de religion. Quand on est le maître dans un État de recevoir une nouvelle religion ou de ne la pas recevoir, il ne faut pas l’y établir ; quand elle y est établie, il faut la tolérer. »

On objecte à l’auteur qu’il va avertir les princes idolâtres de fermer leurs États à la religion chrétienne : effectivement c’est un secret qu’il a été dire à l’oreille du roi de la Cochinchine. Comme cet argument a fourni matière à beaucoup de déclamations, j’y ferai deux réponses. La première, c’est que l’auteur a excepté nommément dans son livre la religion chrétienne. Il a dit au livre XXIV, chapitre I, à la fin : « La religion chrétienne, qui ordonne aux hommes de s’aimer, veut sans doute que chaque peuple ait les meilleures lois politiques et les meilleures lois civiles ; parce qu’elles sont, après elle, le plus grand bien que les hommes puissent donner et rece-