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DÉFENSE


dans les esprits ; ces dispositions peuvent influer sur les actions humaines : cela choque-t-il l’empire de Celui qui a créé, ou les mérites de Celui qui a racheté ?

Si l’auteur a recherché ce que les magistrats de divers pays pouvoient faire pour conduire leur nation de la manière la plus convenable et la plus conforme à son caractère, quel mal a-t-il fait en cela ?

On raisonnera de même à l’égard de diverses pratiques locales de religion. L’auteur n’avoit à les considérer ni comme bonnes, ni comme mauvaises : il a dit seulement qu’il y avoit des climats où de certaines pratiques de religion étoient plus aisées à recevoir, c’est-à-dire, étoient plus aisées à pratiquer par les peuples de ces climats que par les peuples d’un autre. De ceci il est inutile de donner des exemples ; il y en a cent mille.

Je sais bien que la religion est indépendante par elle-même de tout effet physique quelconque ; que celle qui est bonne dans un pays est bonne dans un autre, et qu’elle ne peut être mauvaise dans un pays sans l’être dans tous ; mais je dis que, comme elle est pratiquée par les hommes et pour les hommes, il y a des lieux où une religion quelconque trouve plus de facilité à être pratiquée, soit en tout, soit en partie, dans de certains pays que dans d’autres, et dans de certaines circonstances que dans d’autres : et, dès que quelqu’un dira le contraire, il renoncera au bon sens.

L’auteur a remarqué que le climat des Indes produisent une certaine douceur dans les mœurs ; mais, dit le critique, les femmes s’y brûlent à la mort de leur mari. Il n’y a guère de philosophie dans cette objection. Le critique ignore-t-il les contradictions de l’esprit humain, et comment il sait séparer les choses les plus unies, et unir