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DE L’ESPRIT DES LOIS.


RÉPONSE.


Le critique a déjà reproché à l’auteur de n’avoir point parlé du péché originel ; il le prend encore sur le fait : il n’a point parlé de la grâce. C’est une chose triste d’avoir affaire à un homme qui censure tous les articles d’un livre, et n’a qu’une idée dominante. C’est le conte de ce curé de village, à qui des astronomes montraient la lune dans un télescope, et qui n’y voyoit que son clocher.

L’auteur de l'Esprit des Lois a cru qu’il devoit commencer par donner quelque idée des lois générales, et du droit de la nature et des gens. Ce sujet étoit immense, et il l’a traité dans deux chapitres ; il a été obligé d’omettre quantité de choses qui appartenoient à son sujet : à plus sorte raison a-t-il omis celles qui n’y avoient point de rapport.


DIXIÈME OBJECTION.


L’auteur a dit qu’en Angleterre l’homicide de soi-même étoit l’effet d’une maladie ; et qu’on ne pouvoit pas plus le punir, qu’on ne punit les effets de la démence. Un sectateur de la religion naturelle n’oublie pas que l’Angleterre est le berceau de sa secte ; il passe l’éponge sur tous les crimes qu’il y aperçoit.


RÉPONSE.


L’auteur ne sait point si l’Angleterre est le berceau de la religion naturelle ; mais il sait que l’Angleterre n’est pas son berceau. Parce qu’il a parlé d’un effet physique qui se voit en Angleterre, il ne pense pas sur la religion comme les Anglois, pas plus qu’un Anglois, qui parleroit