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DÉFENSE


il lui a été permis de supposer un homme comme tombé des nues, laissé à lui-même et sans éducation, avant l’établissement des sociétés. Eh bien ! l’auteur a dit que la première loi naturelle la plus importante, et par conséquent la capitale, seroit pour lui, comme pour tous les hommes, de se porter vers son créateur. Il a été aussi permis à l’auteur d’examiner quelle seroit la première impression qui se feroit sur cet homme, et de voir l'ordre dans lequel ces impressions seroient reçues dans son cerveau ; et il a cru qu’il auroit des sentiments avant de faire des réflexions ; que le premier, dans l’ordre du temps, seroit la peur ; ensuite le besoin de se nourrir, etc. L’auteur a dit que la loi qui, imprimant en nous l’idée du créateur, nous porte vers lui, est la première des lois naturelles : le critique dit que la première des lois naturelles est d’aimer Dieu. Ils ne sont divisés que par les injures.


SEPTIÈME OBJECTION.


Elle est tirée du chapitre Ier du livre Ier , où l’auteur, après avoir dit « que l’homme étoit un être borné », a ajouté : « Un tel être pouvoit à tous les instants oublier son créateur ; Dieu l’a rappelé à lui par les lois de la religion. » Or, dit-on, quelle est cette religion dont parle l’auteur ? Il parle sans doute de la religion naturelle ; il ne croit donc que la religion naturelle.


RÉPONSE.


Je suppose encore un moment que cette manière de raisonner soit bonne, et que, de ce que l’auteur n’auroit parlé là que de la religion naturelle, on en pût conclure