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DE L’ESPRIT DES LOIS.


tous les êtres avoient des lois ; que, même avant leur création, ils avoient des lois possibles ; que Dieu lui-même a voit des lois, c’est-à-dire les lois qu’il s’étoit faites. Il a démontré qu’il était faux que les hommes naquissent en état de guerre [1], il a fait voir que l’état de guerre n’avoit commencé qu’après l’établissement des sociétés ; il a donné là-dessus des principes clairs. Mais il en résulte toujours que l’auteur a attaqué les erreurs de Hobbes, et les conséquences de celles de Spinosa, et qu’il lui est arrivé qu’on l’a si peu entendu, que l’on a pris pour des opinions de Spinosa les objections qu’il fait contre le spinosisme. Avant d’entrer en dispute, il faudroit commencer par se mettre au fait de l’état de la question, et savoir du moins si celui qu’on attaque est ami ou ennemi.


SECONDE OBJECTION.


Le critique continue : « Sur quoi l’auteur cite Plutarque, qui dit que la loi est la reine de tous les mortels et immortels. Mais est-ce d’un payen, etc. »


RÉPONSE.


Il est vrai que l’auteur a cité Plutarque, qui dit que la loi est la reine de tous les mortels et immortels.


TROISIÈME OBJECTION.


L’auteur a dit, que « la création, qui paroît être un acte arbitraire, suppose des règles aussi invariables que la

  1. Liv. I, ch. II.