c’est dire aux princes mahométans qu’ils doivent éviter avec grand soin de se faire chrétiens, parce que la religion chrétienne ne seroit propre qu’à renverser tous les principes de leur gouvernement ; mais l’éloge que l’auteur fait de la secte stoïque le caractérise encore mieux.
« Les diverses sectes de philosophes, dit-il, étoient chez les anciens des espèces de religion. Il n’y en a jamais eu dont les principes fussent plus dignes de l’homme, et plus propres à former des gens de bien que celle des stoïciens ; et si je pouvois un moment cesser de penser que je suis chrétien, je ne pourrois m’empécher de mettre la destruction de la secte de Zenon au nombre des malheurs du genre humain. Elle n’outroit que les choses où il y a de la grandeur : le mépris des plaisirs et de la douleur. Elle seule savoit faire les citoyens ; elle seule faisoit les grands hommes ; elle seule faisoit les grands empereurs. Faites pour un moment abstraction des vérités révélées ; cherchez dans toute la nature, et vous n’y trouverez pas de plus grand objet que les Antonins. Julien même, Julien (un suffrage ainsi arraché ne me rendra point complice de son apostasie), non, il n’y a point eu après lui de prince plus digne de gouverner les hommes. Pendant que les stoïciens regardoient comme une chose vaine les richesses, les grandeurs humaines, la douleur, les chagrins, les plaisirs, ils n’étoient occupés qu’à travailler au bonheur des hommes, à exercer les devoirs de la société : il sembloit qu’ils regardassent cet esprit sacré qu’ils croyoient être en eux-mêmes, comme une espèce de providence favorable qui veilloit sur le genre humain. Nés pour la société, ils croyoient tous que leur destin étoit de travailler pour elle : d’autant moins à charge que leur récompense étoit toute dans eux-mêmes ; qu’heureux par