Page:Montesquieu - Œuvres complètes, éd. Laboulaye, t6.djvu/140

Cette page n’a pas encore été corrigée
124
EXAMEN CRITIQUE.


ajoute-t-il, d’obliger les hommes à faire toutes les actions difficiles et qui demanderoient de la force, sans autre récompense que le bruit de ces actions ? » (Livre III, chapitre VII.)

L’auteur traite ensuite du principe du gouvernement despotique, et il dit : « Comme il faut de la vertu dans une république, et dans une monarchie de l’honneur, il faut de la crainte dans un gouvernement despotique ; pour la vertu, elle n’y est point nécessaire et l’honneur y seroit dangereux. » (Livre III, chapitre IX.) « Tels sont, dit-il, les principes des trois gouvernements ; ce qui ne signifie pas que dans une certaine république on soit vertueux, mais qu’on devroit l’être. Cela ne prouve pas non plus que dans une monarchie on ait de l’honneur, et que dans un État despotique particulier on ait de la crainte ; mais qu’il faudrait en avoir, sans quoi le gouvernement sera imparfait. » (Livre III, chapitre XI.) Qui l’auroit cru, que pour rendre parfait le gouvernement monarchique, il fallût que les membres de l’État fussent destitués de vertu, et remplis de vanité ? A ce compte on devroit bannir de toutes les monarchies la religion chrétienne. Elle déteste les hommes vains ; et le grand ressort de monarchies, nous dit-on, c’est la vanité et le faux honneur.

Dans le livre XIV, l’auteur traite des lois dans le rapport qu’elles ont avec la nature du climat. Il prétend que dans les pays de l’Orient la faiblesse d’organe, jointe à une certaine paresse dans l’esprit, est la cause de l’immutabilité de la religion et des mœurs. (Livre XIV, chapitre IV.) Il ajoute que le monachisme est né dans les pays chauds d’Orient, où l’on est moins porté à Faction qu’à la spéculation. (Livre XIV, chapitre VII.) Il en donne pour preuve les derviches qui sont en Asie, et les pénitents idolâtres