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LIVRE XXX, CHAP. XI.


d’un nombre infini de dépouilles et de serfs, disent les Annales de Metz [1].

Je pourrois citer des autorités [2] sans nombre. Et comme, dans ces malheurs, les entrailles de la charité s’émurent ; comme plusieurs saints évêques, voyant les captifs attaché deux à deux, employèrent l’argent des églises, et vendirent même les vases sacrés pour en racheter ce qu’ils purent ; que de saints moines s’y employèrent ; c’est dans la vie des saints que l'on trouve les plus grands éclaircissements sur cette matière [3]. Quoiqu’on puisse reprocher aux auteurs de ces vies d’avoir été quelquefois un peu trop crédules sur des choses que Dieu a certainement faites si elles ont été dans l’ordre de ses desseins, on ne laisse pas d'en tirer de grandes lumières sur les mœurs et les usages de ces temps-là.

Quand on jette les yeux sur les monuments de notre histoire et de nos lois, il semble que tout est mer, et que les rivages même manquent à la mer [4]. Tous ces écrits froids, secs, insipides et durs, il faut les lire [5], il faut les dévorer, comme la fable dit que Saturne dévoroit les pierres.

Une infinité de terres que des hommes libres faisoient

  1. Sur l'an 763. Innumerabilibus spoliis et captivis totus ille exercibus ditatus, in Franciam reversus est. (M.)
  2. A. Voyez la chronique de Frédégaire sur l’année 600 et son continuateur sur l'an 741. Annales de Fulde, année 739 ; Paul Diacre, de gestis Langobardorum, liv. III, chap. XXX ; et liv. IV, ch. I ; et les Vies des saints citées note suivante. (M.)
  3. Voyez les vies de saint Epiphane, de saint Eptadius, de saint Césaire, de saint Fidole, de saint Porcien, de saint Trévérius, de saint Eusichius, et de saint Léger ; les miracles de saint Julien. (M.)
  4. . . . . Deerant quoque littora ponto.

    Ovid., Metam., liv. I, v. 293. (M.)

  5. Il faut les lire n’est ni dans A, ni dans B.