nation, c’étoit une circonstance qui ne cbangeoit point la nature du crime
[1]. Je ne saurois douter que toute la théorie
des lois romaines sur le vol ne lui tirée des institutions lacédémoniennes
[2]. Lycurgue, dans la vue de donner à
ses citoyens de l’adresse, de la ruse, et de l'activité, voulut qu’on exerçât les enfants au larcin, et qu’on fouettât rudement ceux qui s’y laisseroient surprendre : cela établit
chez les Grecs, et ensuite chez les Romains, une grande différence entre le vol manifeste et le vol non manifeste
[3].
Chez les Romains, l’esclave qui avoit volé étoit précipité de la roche Tarpéienne. Là il n’étoit point question des institutions lacédémoniennes ; les lois de Lycurgue sur le vol n’avoient point été faites pour les esclaves ; c’étoit les suivre que de s’en écarter en ce point.
A Rome, lorsque un impubère avoit été surpris dans le vol, le préteur le faisoit battre de verges à sa volonté, comme on faisoit à Lacédémone. Tout ceci venoit de plus loin. Les Lacédémoniens avoient tiré ces usages des Crétois ; et Platon [4], qui veut prouver que les institutions des Cretois étoient faites pour la guerre, cite celle-ci : « la faculté de supporter la douleur dans les combats particuliers, et dans les larcins qui obligent de se cacher [5] ».
Comme les lois civiles dépendent des lois politiques, parce que c’est toujours pour une société qu’elles sont faites [6] ; il seroit bon que, quand ou veut porter une loi
- ↑ Non, mais cela changeait la force de la preuve.
- ↑ C’est une opinion qui n'est pas reçue aujourd’hui.
- ↑ Conférez ce que dit Plutarque, Vie de Lycurgue, avec les lois du Digest, au titre De furtis ; et les Institutes, liv. IV, tit. 1, § 1, 2, 3, (M) V. Sup. IV, VI.
- ↑ Des lois, liv. I. (M.)
- ↑ V. Sup. Liv. IV, ch. VI.
- ↑ C'est la pensée de Bacon : At jus civile latet sub tutela juris publici.