témoins au combat ; car les affaires n'auroient jamais eu de fin.
Dans la suite, il s’introduisit une forme de procéder secrète. Tout étoit public : tout devint caché ; les interrogatoires, les informations, le recollement, la confrontation, les conclusions de la partie publique ; et c’est l'usage d’aujourd’hui. La première forme de procéder convenoit au gouvernement d’alors, comme la nouvelle étoit propre au gouvernement qui fut établi depuis.
Le commentateur de Boutillier fixe à l’ordonnance de 1539 [1] l’époque de ce changement. Je crois qu’il se fit peu à peu, et qu’il passa de seigneurie en seigneurie, à mesure que les seigneurs renoncèrent à l’ancienne pratique de juger, et que celle tirée des Établissements de saint Louis vint à se perfectionner. En effet, Beaumanoir [2] dit que ce n’étoit que dans les cas où l’on pouvoit donner des gages de bataille , qu’on entendoit publiquement les témoins ; dans les autres, on les oyoit en secret, et on rédigeoit leurs dépositions par écrit. Les procédures devinrent donc secrètes, lorsqu’il n’y eut plus de gages de bataille.