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CHAPITRE IX.


COMMENT LES CODES DES LOIS DES BARBARES
ET LES CAPITULAIRES SE PERDIRENT.


Les lois saliques, ripuaires, bourguignonnes et wisigothes, cessèrent peu à peu d’être en usage chez les François : voici comment.

Les fiefs étant devenus héréditaires, et les arrière-fiefs s’étant étendus, il s’introduisit beaucoup d’usages auxquels ces lois n’étoient plus applicables. On en retint bien l’esprit, qui étoit de régler la plupart des affaires par des amendes. Mais les valeurs ayant sans doute changé, les amendes changèrent aussi ; et l’on voit beaucoup de [1] chartres où les seigneurs fixoient les amendes qui dévoient être payées dans leurs petits tribunaux. Ainsi l’on suivit l’esprit de la loi, sans suivre la loi même.

D’ailleurs, la France se trouvant divisée en une infinité de petites seigneuries, qui reconnoissoient plutôt une dépendance féodale qu’une dépendance politique, il étoit bien difficile qu’une seule loi pût être autorisée. En effet, on n’auroit pas pu la faire observer. L’usage n’étoit guère plus qu’on envoyât des officiers [2] extraordinaires dans les

  1. M. de la Thaumassière, [Anciennes coutumes de Berry] en a recueilli plusieurs. Voyez, par exemple, les ch. LXI, LXVI, et autres. (M.)
  2. Missi dominici. (M.)