Page:Montesquieu - Œuvres complètes, éd. Laboulaye, t5.djvu/23

Cette page n’a pas encore été corrigée
7
LIVRE XXII, CHAP. III.


purement idéales. On donnera à chaque pièce de monnoie la dénomination d’autant de livres et d’autant de sous que l'on voudra : la variation pourra être continuelle, parce qu’il est aussi aisé de donner un autre nom à une chose, qu’il est difficile de changer la chose même.

Pour ôter la source des abus, ce sera une très-bonne loi dans tous les pays où l’on voudra faire fleurir le commerce, que celle qui ordonnera qu’on emploiera des monnoies réelles, et que l’on ne fera point d’opération qui puisse les rendre idéales [1].

Rien ne doit être si exempt de variation que ce qui est la mesure commune de tout.

Le négoce par lui-même est très-incertain ; et c’est un grand mal d’ajouter une nouvelle incertitude à celle qui est fondée sur la nature de la chose.

  1. Parce que ces opérations sont réellement très-inutiles, et souvent très-dangereuses. Si tous les étendez sur l’étranger , vous ruinez votre crédit. Si vous vous bornez à l’intérieur de votre État, vous ne faites rien, à moins qu’il ne s’agisse de rembourser par de moindres valeurs les emprunts qu’on aura faits ; et dans ce cas ou ruine encore le crédit, soit de la nation, soit du souverain. (LUZAC.)
    ___________