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LIVRE XXVI, CHAP. VI.


la raison veut que cette succession soit déférée aux enfants, et dans quels cas il faut la donner à d’autres [1].

Dans les pays où la polygamie est établie, le prince a beaucoup d’enfants ; le nombre en est plus grand dans des pays que dans d’autres. II y a des [2] États où l’entretien des enfants du roi seroit impossible au peuple ; on a pu y établir que les enfants du roi ne lui succéderoient pas, mais ceux de sa sœur.

On nombre prodigieux d’enfants exposeroit l’État à d’affreuses guerres civiles. L’ordre de succession qui donne la couronne aux enfants de la sœur, dont le nombre n’est pas plus grand que ne seroit celui des enfants d’un prince qui n’auroit qu’une seule femme, prévient ces inconvénients.

Il y a des nations chez lesquelles des raisons d’État ou quelque maxime de religion ont demandé qu’une certaine famille fût toujours régnante : telle est aux Indes [3] la jalousie de sa caste, et la crainte de n’en point descendre. On y a pensé que, pour avoir toujours des princes du sang royal, il falloit prendre les enfants de la sœur aînée du roi.

Maxime générale : nourrir ses enfants, est une obliga-

  1. A. B. ajoutent : « Chez un peuple d’Arabie, le jour que le Roi montoit sur le trône, on donnoit des gardiens à toutes les femmes grosses du pays, et l'enfant qui venoit le premier au monde étoit le prince héritier a. »
  2. Comme à Lovengo en Afrique. Voyez le Recueil des voyages qui ont servi à l’établissement de la compagnie des Indes, tome IV, part. I, p. 114, et M. Smith, Voyage de Guinée part. II, p. 150, sur le royaume de Juida. (M.)
  3. Voyez les Lettres édifiantes, quatorzième recueil ; et les Voyages qui ont servi à l’établissement de la compagnie des Indes, tome III, part. II, p. 644. (M.)

    a Strabon, liv. XVI. (M.) — Strabon parle, non de toutes les femmes grosses du pays, mais de celles des hommes illustres de la nation. (CRÉVIER).