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DE L’ESPRIT DES LOIS.


qu’une volonté capricieuse et tranitoire du souverain. Si, dans ces États, les lois de la religion étoient de la nature des lois humaines, les lois de la religion ne seroient rien non plus : il est pourtant nécessaire à la société qu’il y ait quelque chose de fixe ; et c’est cette religion qui est quelque chose de fixe.

3° La force principale de la religion vient de ce qu’on la croit [1] ; la force des lois humaines vient de ce qu’ouïes craint. L’antiquité convient à la religion, parce que souvent nous croyons plus les choses à mesure qu’elles sont plus reculées ; car nous n’avons pas dans la tête des idées accessoires tirées de ces temps-là, qui puissent les contredire. Les lois humaines, au contraire, tirent avantage de leur nouveauté ; qui annonce une attention particulière et actuelle du législateur, pour les faire observer.

  1. A. B. La force de la religion vient de ce qu'on la croit.
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