CHAPITRE XIX.
Les dogmes les plus vrais et les plus saints peuvent avoir de très-mauvaises conséquences, lorsqu’on ne les lie pas avec les principes de la société ; et, au contraire, les dogmes les plus faux en peuvent avoir d’admirables, lorsqu’on fait qu’ils se rapportent aux mêmes principes.
La religion de Confucius nie l’immortalité de l’âme ; et la secte de Zenon ne la croyoit pas. Qui le diroit ? ces deux sectes ont tiré de leurs mauvais principes des conséquences, non pas justes, mais admirables pour la société.
La religion des Tao et des Foë [1] croit l’immortalité de l’âme ; mais de ce dogme si saint, ils ont tiré des conséquences affreuses [2].
- ↑ Les Tao-sse sont les sectateurs de Lao-Tse. Fo est le nom chinois de Bouddha, et non pas celui d'une secte.
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Un philosophe chinois argumente ainsi contre la doctrine de Foë.
« Il est dit, dans un livre de cette secte, que le corps est notre domicile, et l'àme l’hôtesse immortelle qui y loge ; mais si le corps de nos parents n’est qu’un logement, il est naturel de le regarder avec le même mépris qu'on a pour un amas de boue et de terre. N’est-ce pas vouloir arracher du cœur la vertu de l'amour des parents ? Cela porte de même à négliger le soin du corps, et à lui refuser la compassion et l’affection si nécessaires