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CHAPITRE XXII.


DES RICHESSES QUE L’ESPAGNE TIRA DE L'AMÉRIQUE.


Si l'Europe [1] a trouvé tant d’avantages dans le cornmerce de l’Amérique, il seroit naturel de croire que l’Espagne en auroit reçu de plus grands. Elle tira du monde nouvellement découvert une quantité d’or et d’argent si prodigieuse, que ce que l’on en avoit eu jusqu’alors ne pouvoit y être comparé.

Mais (ce qu’on n’auroit jamais soupçonné) la misère la fit échouer presque partout. Philippe II, qui succéda à

  1. Ceci parut, il y a plus de vingt ans, dans un petit ouvrage manuscrit de l’auteur, qui a été presque tout fondu dans celui-ci. (M.) Au livre XXII, C. X, Montesquieu donne l'année 1741 pour celle où il écrit ; le petit ouvrage manuscrit remonterait donc vers l'année 1724.

    Suivant M. Walckenaer qui a fait une étude particulière de la vie et des écrits de Montesquieu, (Biographie universelle, au mot Momtesquieu), le petit ouvrage auroit été imprimé, au moins en épreuves. « L'exemplaire que nous avons sous les yeux, dit-il, et qui appartient à M. Lainé, ministre et membre de la chambre des députés, contient beaucoup de corrections qui sont de la main même de Montesquieu. Sur le faux titre il a écrit : « Ceci a été imprimé sur une mauvaise copie ; je le fais réimprimer sur une autre, selon les corrections que j'ai faites ici ; » et sur la première feuille il a mis encore : « J’ai écrit qu'on supprimât cette copie, et qu’on en imprimât une autre si quelques exemplaires avoient passé, de peur qu’on interprétât mal quelques endroits ». Les réclames qui sont au bas des pages, le papier, le caractère, tout indique une impression faite en Hollande ; il n’y a ni nom de lieu, ni nom d’imprimeur. Cet opuscule a quarante-quatre pages in-12°, et se compose de vingt-cinq réflexions détachées. »