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CHAPITRE XXI.


DÉCOUVERTE DE DEUX NOUVEAUX MONDES ;
ÉTAT DE L'EUROPE A CET ÉGARD.


La boussole ouvrit, pour ainsi dire, l’univers. On trouva l’Asie et l’Afrique, dont on ne connoissoit que quelques bords, et l’Amérique, dont on ne connoissoit rien du tout.

Les Portugais, naviguant sur l’océan Atlantique, découvrirent la pointe la plus méridionale de l’Afrique ; ils virent une vaste mer ; elle les porta aux Indes orientales. Leurs périls sur cette mer, et la découverte de Mozambique, de Mélinde et de Calicut, ont été chantés par le Camoëns, dont le poëme fait sentir quelque chose des charmes de l’Odyssée et de la magnificence de l’Énéide.

Les Vénitiens avoient fait jusque-là le commerce des Indes par les pays des Turcs, et l’avoient poursuivi au milieu des avanies et des outrages. Par la découverte du cap de Bonne-Espérance, et celles qu’on fit quelque temps après, l’Italie ne fut plus au centre du monde commerçant ; elle fut, pour ainsi dire, dans un coin de l’univers, et elle y est encore. Le commerce même du Levant dépendant aujourd’hui de celui que les grandes nations font aux deux Indes, l’Italie ne le fait plus qu’accessoirement [1].

  1. A. B. Ne le fait plus qu'accessoire.