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CHAPITRE XV.


COMMERCE DES ROMAINS AVEC LES BARBARES.


Les Romains avaient fait de l’Europe [1] de l’Asie et de l’Afrique, un vaste empire : la foiblesse des peuples et la tyrannie du commandement unirent toutes les parties de ce corps immense. Pour lors, la politique romaine fut de se séparer de toutes les nations qui n’avoient pas été assujéties : la crainte de leur porter l’art de vaincre fit négliger l’art de s’enrichir. Ils firent des lois pour empêcher tout commerce avec les Barbares, « Que personne, disent [2] Valens et Gratien, n’envoie du vin, de l’huile ou d’autres liqueurs aux Barbares, même pour en goûter. Qu’on ne leur porte point de l’or [3], ajoutent Gratien, Valentinien et Théodose, et que même ce qu’ils en ont, on le leur ôte avec finesse. » Le transport du fer fut défendu sous peine de la vie [4].

Domitien, prince timide, fit arracher les vignes dans la Gaule [5], de crainte sans doute que cette liqueur n’y

  1. A. B. Les Romains firent de l'Europe, etc.
  2. Leg. ad Barbaricum, cod. qui res exportari non debeant. (M.)
  3. Leg. 2, cod. de commerc. et mercator. (M.)
  4. Leg. 2, quœ res exportari non debeant.
  5. Procope, Guerre des Perses, liv. I. (M.) Suétone, Domitien, C. VII, parle de toutes les provinces, et suppose une toute autre intention à l'Empereur. Ad summam quondam ubertatem vini, frumenti vero inopiam