eurent soumises
[1]. Mithridate se trouva en état d’acheter partout
des troupes ; de réparer
[2] continuellement ses pertes ;
d’avoir des ouvriers, des vaisseaux, des machines de
guerre ; de se procurer des alliés ; de corrompre ceux des
Romains, et les Romains même : de soudoyer
[3] les barbares de l’Asie et de l’Europe ; de faire la guerre longtemps,
et par conséquent de discipliner ses troupes : il
put les armer, et les instruire dans l’art militaire
[4] des Romains, et former des corps considérables de leurs transfuges ;
enfin il put faire de grandes pertes et souffrir de
grands échecs, sans périr ; et il n’auroit point péri, si,
dans les prospérités, le roi voluptueux et barbare n’avoit
pas détruit ce que, dans la mauvaise fortune, avoit fait le
grand prince.
C'est ainsi que, dans le temps que les Romains étoient au comble de la grandeur, et qu’ils sembloient n’avoir à craindre qu’eux-mêmes, Mithridate remit en question ce que la prise de Carthage, les défaites de Philippe, d’Anthiocus et de Persée avoient décidé. Jamais guerre ne fut plus funeste : et les deux partis ayant une grande puissance et des avantages mutuels, les peuples de la Grèce et de l’Asie furent détruits, ou comme amis de Mithridate, ou comme ses ennemis. Délos fut enveloppée dans le malheur commun. Le commerce tomba de toutes parts ; il falloit bien qu’il fût détruit, les peuples l’étoient.
Les Romains, suivant un système dont j’ai parlé ailla
- ↑ Voyez Appien, sur les trésors iaimenses que Mithridate employa dans ses guerres, ceux qui avoit cachés, ceux qu'il perdit si souvent par la trahison des siens, ceux qu'on trouva après sa mort. (M.)
- ↑ Il perdit une fois 170,000 hommes, et de nouvelles armées reparurent d’abord. (M.)
- ↑ Voyez Appien, De la guerre contre Mithridate. (M.)
- ↑ Ibid. (M.)