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LIVRE XXI, CHAP. XI.


server l’empire de la mer, et Rome à garder celui de la terre. Hannon [1] dans la négociation avec les Romains, déclara qu’il ne souffriroit pas seulement qu’ils se lavassent les mains dans les mers de Sicile ; il ne leur fut pas permis de naviguer au delà du beau promontoire ; il leur fut défendu [2] de trafiquer en Sicile [3], en Sardaigne, en Afrique, excepté à Carthage : exception qui fait voir qu’on ne leur y préparoit pas un commerce avantageux.

Il y eut, dans les premiers temps, de grandes guerres entre Carthage et Marseille [4] au sujet de la pèche. Après la paix, elles firent [5] concurremment le commerce d’économie. Marseille fut d’autant plus jalouse, qu’égalant sa rivale en industrie, elle lui étoit devenue inférieure en puissance : voilà la raison de cette grande fidélité pour les Romains^ La guerre que ceux-ci firent contre les Carthaginois en Espagne, fut une source de richesses pour Marseille, qui servoit d’entrepôt. La ruine de Carthage et de Corinthe augmenta encore la gloire de Marseille ; et, sans les guerres civiles, où il falloit fermer les yeux et prendre un parti, elle auroit été heureuse sous la protection des Romains, qui n’avoieni aucune jalousie de son commerce.

  1. Tite-Live, supplément de Freinshemius, seconde décade. liv. VI. (M.)
  2. Polybe, liv. III. (M.) Montesquieu a confondu en un les différents traités conclus entre Cartilage et Rome.
  3. Dans la partie sujette aux Carthaginois. (M.)
  4. Justin, liv. XLIII, c. v. Carthaginensium quoque exercitus, cum bellum captis piscatorum navibus ortum esset, sœpe fuderunt, pacemque victis dederunt. (M.)
  5. A. B. Ils firent, etc.
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