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LIVRE XXI, CHAP. IX.


d’Égypte et des Romains, étoit de revenir la même année [1].

Ainsi il s’en faut bien que le commerce des Grecs et des Romains aux Indes ait été aussi étendu que le nôtre ; nous qui connoissons des pays immenses qu’ils ne connoissoient pas ; nous qui faisons notre commerce avec toutes les nations indiennes, et qui commerçons même pour elles et naviguons pour elles.

Mais ils faisoient ce commerce avec plus de facilité que nous ; et, si l’on ne négocioit aujourd’hui que sur la côte du Guzarat et du Malabar, et que, sans aller chercher les lies du midi, on se contentât des marchandises que les insulaires viendroient apporter, il faudroit préférer la route de l’Égypte à celle du cap de Bonne-Espérance. Strabon [2] dit que l’on négocioit ainsi avec les peuples de la Taprobane [3].

  1. Pline, liv. VI, ch. XXIII. (M.)
  2. Liv. XV. (M.)
  3. A. B. terminent ce chapitre par les considérations suivantes, reproduites en partie dans le ch. X ci-après, qui a paru pour la première fois dans l'édition de 1758.

    « Je finirai ce chapitre par une réflexion. Ptolomée a le géographe porte d'Afrique orientale connue au promontoire Prassum ; et Arrien b la borne au promontoire Raptum. Nos meilleures cartes placent le promontoire Prassum à Mozambique, au quatorzième degré et demi de latitude sud, et le promontoire Raptum vers les dix degrés de cette latitude. Mais, comme depuis la cète du royaume d'Ajan, qui ne produit aucunes marchandises, le pays devient toujours plus riche à mesure que l'on va vers le midi jusqu’au pays de Sofala où est la source des richesses, il paroit d’abord étonnant que l'on ait ainsi rétrogradé vers le nord, au lieu d’avancer vers le midi.

    « A mesure que les connoissances, la navigation et le commerce s’étendirent du côté des Indes, elles reculèrent du côté de l’Afrique : un commerce riche et facile en fit négliger un moins lucratif et plein de difficultés

    a Liv. IV, chap. VII, et liv. VIII, table 4 de l'Afrique. (M.)

    b Voyez le Périple de la mer Erythrée. (M.)