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LIVRE XXI, CHAP. IX.


heureuse au nord-est, on alla directement de l’ouest à l’est, d’un côté à l’autre, par le moyen des moussons, dont on découvrit les changements en navigant dans ces parages [1] Les anciens ne quittèrent les côtes que quand ils se servirent des moussons [2] et des vents alises, qui étoient une espèce de boussole pour eux.

Pline [3] dit qu’on partoit pour les Indes au milieu de l’été, et qu’on en revenoit vers la fm de décembre et au commencement de janvier. Ceci est entièrement conforme aux journaux de nos navigateurs. Dans cette partie de la mer des Indes qui est entre la presqu’île d’Afrique et celle de deçà le Gange, il y a deux moussons : la première, pendant laquelle les vents vont de l’ouest à l’est, commence au mois d’août et de septembre ; la deuxième, pendant laquelle les vents vont de l’est à l’ouest, commence en janvier. Ainsi nous partons d’Afrique pour le Malabar dans le temps que partoient les flottes de Ptolomée, et nous en revenons dans le même temps.

La flotte d’Alexandre mit sept mois pour aller de Patale à Suze. Elle partit dans le mois [4] de juillet, c’est-à-dire dans un temps [5] où aujourd’hui aucun navire n’ose se mettre en mer pour revenir des Indes. Entre Tune et l’autre mousson, il y a un intervalle de temps pendant lequel les vents varient ; et où un vent de nord, se mêlant avec les vents ordinaires, cause, surtout auprès des côtes,

  1. B. Par le moyen des vents alises, dont on découvrit le cours réglé en navigeant dans ces parages. Les anciens ne quittèrent les côtes que quand ils se servirent de ces vents, qui étoient, etc.
  2. Les moussons soufflent une partie de l'année d’un côté, et une partie de l'année de l'autre ; et les vents alisés soufflent du même côté toute l'année. (M.)
  3. Liv. VI, ch. XXIII. (M.)
  4. A. B. Au mois.
  5. A. B. Dans une saison.