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LIVRE XXI, CHAP. IX.


petites nations et villes voisines de la mer Rouge, firent perdre les connoissances que l'on avoit acquises.

L’Egypte, du temps des Perses, ne confrontoit point à la mer Rouge : elle ne contenoit [1] que cette lisière de terre longue et étroite que le Nil couvre par ses inondations, et qui est resserée des deux côtés par des chaînes de montagnes. Il fallut donc découvrir la mer Rouge une seconde fois, et l’Océan une seconde fois ; et cette découverte appartint à la curiosité des rois grecs.

On remonta le Nil ; on fit la chasse des éléphants dans les pays qui sont entre le Nil et la mer ; on découvrit les bords de cette mer par les terres ; et, comme cette découverte se fit sous les Grecs, les noms en sont grecs, et les temples sont consacrés [2] à des divinités grecques.

Les Grecs d’Egypte purent faire un commerce très-étendu ; ils étoient maîtres des ports de la mer Rouge : Tyr, rivale de toute nation commerçante, n’étoit plus ; ils n’étoient point gênés par les anciennes [3] superstitions du pays ; l’Egypte étoit devenue le centre de l’univers [4].

Les rois de Syrie laissèrent à ceux d’Egypte le commerce méridional des Indes, et ne s’attachèrent qu’à ce commerce septentrional qui se faisoit par l'Oxus et la mer Caspienne. On croyoit [5] dans ce temps-là, que cette mer étoit une partie de l’Océan septentrional [6] ; et Alexandre, quelque temps avant sa mort, avoit fait construire [7] une

  1. Strabon, liv. XVI. (M.)
  2. Ibid. (M.)
  3. Elles leur donnoiont de l'horreur pour les étrangers. (M.)
  4. Toute cette première partie du ch. IX manque dans A. B.
  5. Pline, liv. II, ch. LXVII ; et liv. VI, ch. IX et XIII ; Strabon, liv. XI, p. 507 ; Arrien, de l'Expéd. d’Alex., liv. III, p. 74 ; et liv. V, p. 104. (M.)
  6. Cette phrase manque dans A. B.
  7. Arrien, de l'Expéd, d'Alex., liv. VII. (M.)