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DE L’ESPRIT DES LOIS.


étendirent leur domination à mesure quils formèrent de nouveaux peuples. La Grèce étoit une grande péninsule dont les caps sembloient avoir fait reculer les mers, et les golfes s’ouvrir de tous côtés, comme pour les recevoir encore. Si l'on jette les yeux sur la Grèce, on verra, dans un pays assez resserré, une vaste étendue de côtes. Ses colonies innombrables faisoient une immense circonférence autour d’elle ; et elle y voyoit, pour ainsi dire, tout le monde qui n’étoit pas barbare. Pénétra-t-elle en Sicile et en Italie, elle y forma des nations. Navigua-t-elle vers les mers du Pont, vers les côtes de l’Asie Mineure, vers celles d’Afrique ; elle en fit de même. Ses villes acquirent de la prospérité, à mesure qu’elles se trouvèrent près de nouveaux peuples. Et, ce qu’il y avoit d’admirable, des tles sans nombre, situées comme en première ligne, l’entouroient encore.

Quelles causes de prospérité pour la Grèce, que des jeux qu’elle donnoit, pour ainsi dire, à l’univers ; des temples, où tous les rois en voy oient des offrandes ; des fêtes, où l’on s’assembloit de toutes parts ; des oracles qui faisoient l’attention de toute la curiosité humaine ; enfin, le goût et les arts portés à un point, que de croire les surpasser sera toujours ne les pas connoître ?



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